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Témoignages



29-04-2008
Enfants vus dans le sud.


10-11-2007
Partout où je vais


09-11-2007
J'etais née ...


13-06-2006
Solidarité : soirée à Meylan ... (Isère)


23-02-2006
Voyage à Phu Ly


02-10-2005
Nguyen Thanh Tung (autobiographie)

Traduction française

18-05-2005
Le cœur d'une mère
(English version available)



18-05-2005
Mon histoire


29-03-2005
Histoire de Trân thi My Quyên



Le cœur d'une mère
(English version available)


La mère de Ngoc Anh et de Tuân Anh

[18-05-2005]  Je me suis mariée en décembre 1968 au moment où les Américains cessaient plus ou moins de bombarder le Nord Vietnam. Je me croyais une femme heureuse, mon époux et moi étions de la même promotion de la Faculté de Biologie et de Chimie de l'Université de Hanoi et nous étions amoureux l'un de l'autre. Notre mariage fut célébré juste après la Fac. A cette époque-là, le Vietnam était divisé en deux et mon bonheur était aussi fragile qu'une toile d'araignée. Deux mois après notre union, mon époux fut mobilisé et muté dans une zone libre à Tây Ninh, au service de la Commission Médicale Populaire. Là-bas, une grande quantité d'agent orange avait été déversée pour détruire la végétation.

Durant toutes ces années de séparation, je travaillais consciencieusement dans l'espoir de retrouver mon époux à la fin de la guerre. Je rêvais souvent d'être dans le bonheur de le retrouver et de partager avec lui les bonnes choses de la vie, puis d'avoir de jolis enfants et de les élever '. J'étais persuadée que nous serions heureux tous les deux jusqu'à la fin de notre existence malgré les difficultés quotidiennes.

Six mois après la réunification du Vietnam, mon époux fut de retour. C'était avec une joie immense que nous nous retrouvâmes. En février 1977, 8 ans après notre mariage, je mis au monde une petite fille, Ngoc Anh.

Mais j'ignorais que l'arrivée de ma petite fille allait être le début d'une vie remplie de malheur et de douleurs. D'abord, je me rendis compte que les yeux de ma fille ne réagissaient pas à la lumière. Puis, au fil des mois, je pouvais constater qu'elle ne progressait pas normalement comme les autres bébés. A 18 mois, elle ne pouvait pas se tenir debout toute seule. Les années passées, tout en grandissant physiquement elle restait mentalement comme un enfant de 3 ans et n'arrivait pas à marcher. J'essayais par tous les moyens de lui apprendre à parler, mais elle arrivait à bégayer seulement quelques mots et sa mémoire ne dépassait pas celle d'un enfant de 3 ans.

Pendant son enfance, Ngoc Anh soufrait d'une légère convulsion chaque fois qu'elle avait de la fièvre. Mais cela s'aggravait avec le temps et les crises d'épilepsie étaient de plus en plus fréquente chez elle la nuit, ce qui m'obligeait d'être à son chevet et de veiller sur son sommeil. A partir de sa 15e année, j'étais obligée de lui donner des neuroleptiques. Aujourd'hui, à 25 ans, elle est plus grande que moi, mais son état nécessite constamment un soin attentif, pour ses repas ainsi que pour son hygiène individuelle, pourtant elle a ses règles depuis sa puberté comme n'importe quelle jeune fille.

En 1981, lorsque Ngoc Anh avait 4 ans, je mis au monde un petit garçon que nous appelâmes Tuân Anh. Heureusement, il se développait normalement. Néanmoins, je devais continuer à travailler pour gagner ma vie tout en m'occupant en même temps de mes deux enfants dont l'aînée ne pouvait rien faire, c'était très dur !

Mon époux, de son côté, avait honte d'avoir une fille handicapée, il ne parlait jamais de Ngoc Anh comme si elle n'avait jamais existé. Quant à moi, je faisais de mon mieux pour assumer toutes les tâches dans notre foyer pour que mon mari puisse se consacrer entièrement à sa carrière professionnelle. Ma fille me donnait sans cesse des soucis, mais cela ne m'empêchait pas de l'aimer et de lui donner de ma tendresse, car elle était tout de même de mon sang.

Le pire m'arriva en 1991, lorsque mon époux devint un grand diplômé et commença à obtenir des promotions importantes, son revenu était nettement amélioré et nous ne devions plus nous inquiéter pour des questions financières, mais il tomba amoureux d'une autre femme. Il rentrait très tard le soir, sa présence parmi nous se faisait de plus en plus rare, puis il finit par me dire qu'il voulait divorcer pour aller chercher un autre bonheur ( !) . Cela me brisa le c'ur, c'était la dernière chose que je pouvais imaginer, j'eus l'impression que tout s'assombrissait autour de moi ! Mais je m'efforçai de me calmer et de le convaincre de rester avec nous. Je lui rappelais que je l'avais attendu pendant de longues années de guerre, que j'avais sacrifié toute ma jeunesse pour lui et surtout que je lui étais restée toujours fidèle. Maintenant que nous avions deux enfants, il était le seul appui pour nous trois ; notre fils avait seulement 9 ans, à cet âge il avait besoin d'un père pour suivre son exemple. Je le suppliai de rester avec nous jusqu'à ce que notre fils atteignît sa majorité.

Cependant, j'avais vite compris qu'il n'y avait plus aucun espoir de le garder, car son c'ur n'était plus avec nous. Ma belle-mère qui m'avait toujours défendue, me tourna le dos également. D'après elle, il n'y avait jamais eu de personne handicapée dans sa famille et elle déduisit ainsi que j'avais sans doute été une mauvaise personne dans ma vie antérieure pour avoir une fille pareille. J'étais tellement seule ! Pendant un an, depuis que mon époux avait parlé du divorce, j'avais perdu 5 kilos.

J'avais beaucoup réfléchi à tout cela et j'aimais mes enfants de plus en plus, sans aucune limite. J'étais consciente que je devais être forte pour m'occuper d'eux, car s'il m'arrivait quelque chose, il n'y avait personne pour veiller sur eux. J'ai donc fini par accepter le divorce pour que mon époux puisse se remarier.

Et nous voilà donc tous les trois. Je travaillais dur pour m'assurer que mes enfants ne manquent de rien. Je tenais à montrer à mon petit garçon que je l' aimais énormément et qu'il pouvait toujours compter sur moi. Cependant, ce n'était pas simple d'assumer le rôle d'une mère et de remplacer un père en même temps.

En 1992, ma famille et mes amis me conseillèrent de placer Ngoc Anh au Centre Hoa Binh, nouvel établissement réservé aux enfants qui étaient victimes de la dioxine. Cela me donna un espoir qu'après une période de soins, elle pourrait marcher et que je ne devrais plus la porter pour l'emmener à la salle de bain ou aux toilettes - car elle était plus grande et plus lourde que moi. Malheureusement, comme elle était à la fois aveugle et oligophrène, la directrice du Centre refusa de la prendre et elle me suggéra de la placer à l'Ecole Nguyen Dinh Chiêu, réservé aux enfants non-voyants. Cette dernière la refusa également puisqu'elle ne pouvait pas marcher d'autant plus qu'elle était oligophrène. A ce moment là, j'avais envie de crier : « Mon Dieu, il n'y a pas un seul organisme humanitaire dans ce monde qui veut s'occuper de ma fille ' »

Je continuais donc de m'occuper de Ngoc Anh toute la journée et cessais de penser à la possibilité de la soigner. Parfois, quand elle avait des convulsions ou une crise d'épilepsie la nuit, je veillais sur elle toute la nuit et j'étais fâchée contre moi-même car je me sentais incompétente.

Il me fallut attendre jusqu'en 1997, lorsque Ngoc Anh avait 20 ans, pour toucher des allocations d'un montant de 84.000 dôngs (6,4 ') par mois. A partir de 2001, elle était classée parmi les malades mentaux et bénéficiait des médicaments gratuits, ce qui était un véritable soulagement financier pour moi.

Quant à Tuân Anh, mon fils, il était très gentil avec moi et travaillait bien à l'école pour me faire plaisir. Après son bac, il passa un certain nombre de concours et fut admis à la Faculté d'�?conomie et à la Faculté de Médecine. Tout le monde lui conseilla de choisir la Faculté d'�?conomie car en ce moment, l'économie de marché se développait, après 4 ans d'études dans cette faculté, il pourrait trouver facilement un bon travail et avoir un bon salaire, alors que pour la médecine il lui faudrait au moins 6 années d'études. Malgré tout, il voulait absolument apprendre la médecine, avec l'espoir de pouvoir plus tard soigner sa s'ur handicapée et prendre soin de sa mère pendant ses grands âges.

Je suis très heureuse d'avoir un fils comme lui qui est pour moi un grand soutien moral. Quand il était petit, il allait à l'école le matin, l'après-midi il travaillait ses leçons et faisait ses devoirs à la maison tout en veillant sur sa s'ur, pendant que j'étais au travail. Aujourd'hui, il est en 4e année de médecine, je me sens un peu mieux, car j'ai à mes côtés un fils qui est prêt à partager mes joies et mes chagrins.

Je suis habituée à la vie dure avec une fille handicapée. Le problème est que maintenant, à 60 ans et retraitée, ma santé se dégrade et je souffre d'une néphrolithiase. Je m'inquiète énormément pour ma pauvre Ngoc Anh, si jamais un jour je n'ai plus de force ou ne suis plus là, qui s'occupera d'elle ' Ainsi, j'ai décidé de prendre une assurance vie au plus bas prix, malgré mes maigres ressources, cela l'aidera à vivre quand arrivera ma fin et ainsi lui évitera de devenir un fardeau pour son frère.

J'ai toujours essayé d'être positive dans la vie et contente de mon sort, de mes conditions pour ne pas voir tout en noir. Autour de moi, il y a mes frères et s'urs, mes amis, sans oublier des correspondants lointains qui m'ont donné sans cesse du réconfort et du courage. Je suis très reconnaissante envers ces braves c'urs.


English version
A mother's heart

(an account by Ngoc Anh and Tuân Anh's mother)
I got married in December 1968,when the Americans were more or less stopping to bomb the North Vietnam. I considered myself as a happily married woman; my husband and I had attended the same class at the biology and chemistry college at Hanoi University and we were in love. Our wedding was celebrated just after we had left the university . At that time Vietnam was divided into two parts and my happiness was as frail as a spiderweb. Two months after our wedding my husband was called up and sent to a free zone at Tay Ninh, to enter the service of the Popular Medical Commission. There a great deal of orange agent had been dropped to destroy the vegetation.
During all those years of separation I kept working conscientiously hoping to be reunited with him at the end of the war. Then I often dreamed about living happily with him and sharing the good things of life; of later having lovely children and bringing them up'I was sure we would be happy together till the end of our lives, in spite of daily difficulties.
Six months after the reunification of Vietnam, my husband was back home. We were extremely happy to be together again. In February 1977, 8 years after our wedding I gave birth to a baby girl, Ngoc Anh.
But I did not know that the arrival of my baby girl was to be the beginning of a life of hardships and unhappiness. First of all I noticed that the eyes of my daughter did not react to light. Then, as the days went by I became aware that she did not develop normally, like the other babies. When she was 18 months old, she could not stand alone. As the years passed, while she grew up physically she remained mentally like a three year-old child and was still unable to walk. I did everything to teach her how to speak but she succeeded only in stammering a few words and her memory did not exceed that of a three year-old child.
During her childhood, Ngoc Anh suffered from a light convulsion each time she had a fever. But in time this got worse and epileptic fits were more and more frequent at night, which compelled me to stay at her bedside and watch over her sleep. When she was fifteen I had to give her neuroleptics. Today, at 25 ,she is taller than me but still requires attentive care for her meals and her personal hygiene, though she has had her periods since her puberty like any other young lady.
In 1981 when Ngoc Anh was four I gave birth to a baby boy we called Tuan Anh. Fortunately he grew up normally. Nevertheless, I had to carry on my work to earn my living while taking care of my two children, the elder of them being unable to do anything. It was quite hard for me.
As for my husband, he was ashamed to have a disabled daughter; he never talked of her ,as if she had never existed. I personally did my best to assume all the housework to let my husband free to give all his time to his career. I was constantly worried by my daughter but it did not prevent me from loving her tenderly for we were of the same flesh and blood.
The worst happened in 1991 when my husband got a high degree and started getting important promotions . His income had greatly improved and we no longer had to worry about money matters but then he fell in love with another woman. He would come home late in the evening and spend less and less time with us. He ended by saying he wanted to divorce in order to find a new happiness. That broke my heart. It was the last thing I could have imagined . I had the impression that everything was getting dark around me. But I endeavoured to be calm and to persuade him to stay with us. I reminded him that I had waited for him through long years of war, that I had sacrificed my youth for him and above all that I had always been faithful Now we had two children and he was the only support for the three of us; our son was only 9 and he needed a father to follow his example. I implored him to stay with us until our son comes of age.
However I quickly understood that there was no longer any hope to keep him, for his heart was no longer with us. My mother in law who had always stood for me turned her back on me as well. According to her, there had never been any disabled child in her family and she deduced from it that I had probably been a bad person in my former life to have borne such a daughter. I really was alone. In one year , after my husband had talked about divorce, I had lost 5 kilos.
And so here we were the three of us. I worked hard in order to be sure that my children would lack nothing. I wanted to show my son that I loved him deeply and that he could always rely on me . However it was not easy to play the part of a mother and stand in for a father at the same time.
In 1992 my family and my friends advised me to put Ngoc at Hoa Bin Center, a new place dedicated to children who had been victims of the dioxin. I had hoped that after a period of heath care she would be able to walk and that I would no longer have to carry her to the bathroom or the toilet, because she was taller and heavier than me. Unfortunately as she was both blind and mentally deficient the director refused to admit her and suggested me to take her to Nguyen Dinh Chieu school dedicated to blind children .Once more I was turned down as my daughter could not walk and besides was oligophren. I felt like shouting ' my God isn't there a single humanitarian organism willing to take care of my daughter''
Therefore I carried on taking care of Ngo Anh all day long and stopped thinking of the possibility of having her treated. Sometimes when she had a convulsions or an epileptic fit I would watch her all night long and I was cross with myself for I felt I was incompetent.
I had to wait until 1997 , when Ngo was 20 to get an allowance amounting to 84000 dongs (6,4 euros) a month. From 2001 onward she has been ranked among the mentally sick , which was a true financial relief for me.
As for Tuan Anh, my son, le was very sweet to me and worked well at school to please me.
After he had passed his A levels, he sat for a number of examinations and was admitted both at the Economics School and the Medicine faculty. Everybody advised him to choose the Economics School for the free market economy was developing and after 4 years of study he would be able to find a good job and get a good salary whereas it would take him 6 years to study medicine. Even so, he wanted absolutely to study medicine with the hope of being able later on to treat his disabled sister and take care of his mother in her old days.
I am very happy to have such a son, who is a real moral support for me. When he was a boy, he used to go to school in the morning and do his preps and learn his lessons in the afternoon as he watched his sister while I was working. Today, he is in his 4th year of medicine. I feel a little better for I have at my side a son who is ready to share my joys and sorrows.
I am used to living a hard life with a disabled daughter. The problem is that today , at 60 and retired, my health is degrading and I am suffering from nephropathy .I keep worrying a lot for poor Ngo in case I might no longer have enough strength ot if I mightI no longer be here; who would take care of her ' So I have decided to take out a low cost life insurance, in spite of my low income.It will help her to live on when my life ends and it will spare her the trouble of being a burden to her brother.
All through my life I have always tried to be positive and pleased with my lot and conditions in order not to see everything in black. Around me there are my brothers, sisters and friends without forgetting far away pen friends who have constantly given me comfort and courage. I am very grateful to those kind hearts.




Croix Rouge Vietnamienne

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Vietnam
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