Les zones d'épandage de la dioxine
NEW YORK, 18 juin 2007 (AFP) - Des plaignants vietnamiens se sont retrouvés lundi devant la cour d'appel de Manhattan pour réclamer compensation à 37 sociétés chimiques productrices de l'"agent orange", défoliant utilisé par les Américains pendant la guerre du Vietnam.
Leur plainte avait été rejetée en première instance en 2005 par un juge fédéral new-yorkais. La décision des juges ne devrait pas être connue avant plusieurs semaines.
Le tribunal a étudié lundi matin les cas de 16 anciens combattants américains et devait se pencher sur le dossier des Vietnamiens dans l'après-midi. Trente-sept entreprises, dont Dow Chemical, Monsanto et Hercules Inc., sont mises en cause.
Quatre plaignants vietnamiens, certains en fauteuil roulant, avaient fait le déplacement, dont Nguyen Van Quy, 52 ans, ancien soldat atteint d'un cancer de l'estomac, et Nguyen Thi Hong, 60 ans, ancienne infirmière sur le champ de bataille qui a depuis cumulé naissances prématurées et maladies.
Ils ont été accueillis par plusieurs dizaines de supporteurs américains, de l'association "Veterans for Peace" notamment, portant à la boutonnière un ruban orange "Justice pour les victimes de l'agent orange au Vietnam". "Les entreprises doivent payer pour leurs crimes", lisait-on sur les pancartes devant le tribunal.
"Ca m'écoeure", disait Fred Wilcox, qui manifesta à l'époque contre cette guerre. "Je suis stupéfait qu'un Américain puisse se lever et affirmer qu'il n'y a aucune raison d'accorder des compensations au peuple vietnamien et à nos anciens combattants. Comment peuvent-ils vivre avec leur conscience?"
L'agent orange est un défoliant contenant de la dioxine, un produit chimique extrêmement toxique. Il a été utilisé de 1961 à 1971 par dizaines de millions de litres pour anéantir la forêt et les cultures qu'utilisait la guerilla vietnamienne.
Selon les associations de victimes, cet herbicide, susceptible de provoquer des cancers, de la cécité, des maladies de peau ou des malformations physiques, a touché directement ou indirectement 2 à 4 millions de personnes.
Les Etats-Unis ont toujours nié leur responsabilité, arguant de l'absence de données reconnues par tous sur les effets chimiques du produit.
En 1984, sept compagnies chimiques américaines avaient payé 180 millions de dollars pour qu'une plainte en nom collectif de vétérans américains ne soit pas déposée devant des tribunaux. L'an dernier, la justice sud-coréenne a condamné Dow Chemical et Monsanto à verser des dommages et intérêts à des milliers d'anciens combattants sud-coréens de la guerre du Vietnam.